Yaodia Sénou Dumartin et Camille Bordère, docteures du CERCCLE, ont soutenu leur thèse en 2023. La Maison des sciences humaines vient de récompenser leur travail de recherche. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 9 janvier 2025 à 16h30 à la MSH Bordeaux.
Camille Bordère - Premier prix
Sa thèse : La justice algorithmique. Analyse comparée (France/Québec) d’un phénomène doctrinal, sous la direction de Marie-Claire Ponthoreau
Au sein de la discipline juridique, la révolution numérique du droit est habituellement saisie sous l’angle de son impact sur la pratique et les praticiens du droit – c’est-à-dire sur les avocats et, surtout, les juges. Cette analyse n’en est pas moins habituellement produite par une autre profession juridique dont la mission centrale est la production de connaissance sur le droit et qui, en France, porte le même nom que les écrits qu’elle produit : la doctrine. C’est cette doctrine, c’est-à-dire ce mécanisme à la fois sociologique et épistémologique de production de connaissances sur le droit, que la présente recherche doctorale prend pour objet.
Dans le contexte spécifique d’un discours doctrinal, donc disciplinaire dans ce contexte juridique, produit entre 2015 et 2022 quant à deux manifestations spécifiques de cette révolution numérique (la « justice algorithmique », c’est-à-dire les bases de données jurisprudentielles à vocation exhaustive d’une part et les outils dits de justice prédictive d’autre part), je me suis attachée à proposer une analyse de ce que ces outils font non pas à la pratique du droit, mais à son étude. À la fois à rebours et sur la base de ce sur quoi s’articule explicitement ce discours, cette thèse de doctorat tente ainsi de déterminer ce que ces outils font à la discipline juridique, à ses cadres de définition, d’étude et de connaissance et, in fine, au travail de celles et ceux qui les ont reçus en héritage, les perpétuent et, ainsi, les protègent.
Yaodia Sénou Dumartin - Mention spéciale
Sa thèse : La constitution comme facteur de conflit armé dans l’État : recherche interdisciplinaire, sous la direction de Fabrice Hourquebie et jean Belin
Fondée sur une méthode interdisciplinaire associant la méthode économique (théories économiques et économétrie) à l’analyse juridique, la thèse envisage la constitution en tant que déterminant du conflit armé intraétatique et attribue un poids aux différents facteurs constitutionnels dans la survenance de celui-ci. Aussi bien la lettre de la constitution que la pratique de celle-ci peuvent détenir une charge conflictuelle. Les dispositions constitutionnelles écrites peuvent s’avérer conflictuelles dans la mesure où elles actent une répartition des compétences, déterminent des droits et libertés fondamentaux, consacrent une identité. La pratique constitutionnelle est susceptible d’assumer un rôle encore plus important dans la survenance du conflit armé contribuant à faire de la constitution une alternative au recours à la violence ou au contraire l’encourageant.