Il n’y a pas d’indépendance des magistrats sans protection de l’indépendance de l’autorité judiciaire contre le pouvoir.
Cette indépendance de la magistrature parmi les institutions de la République est, pour le magistrat, la condition première de sa légitimité. Les garanties statutaires qui la fondent et les cadres normatifs qui la protègent – fussent-ils les plus élevés dans la hiérarchie des normes – sont alors le fondement obligé de toute réflexion sur l’indépendance autant que sur l’interdépendance des magistrats dans leur environnement juridictionnel.
Mais trop souvent réduite à sa relation externe au politique, l’indépendance souffre d’autres menaces qui peuvent se révéler tout aussi préjudiciables que l’immixtion du pouvoir. Les préjugés et les vanités, la passion et les engagements, la reconnaissance et les honneurs, le vedettariat médiatique et la célébrité éphémère, les allégeances et les promesses, les partis pris et les biais de réflexion sont autant de liens qui peuvent entraver le jugement et entacher l’impartialité des magistrats.
L’indépendance est donc aussi bien une affaire de comportement et de tempérament que d’honneur et de vertu. Le tout servant une appréhension désormais plus culturelle et peut-être moins normative de la place du magistrat dans la société.
© Editions Dialogues, 2024